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Happy new Now

En début de cette nouvelle année, je me suis laissé inspirer par cette phrase de Shunryu Suzuki, le grand maître zen d’origine japonais:


L'esprit débutant contient beaucoup de possibilités, mais celui de l'expert en contient peu.


Comme pour chaque année, le 1er janvier (au moins dans l’Occident) symbolise généralement un nouveau départ pour une vie plus saine, plus heureuse, ou encore plus paisible.


Peu importe si on y arrive ou pas, commencer quelque chose de nouveau est en soi un moment très particulier. C’est le moment où nous sommes spontanés et réceptifs. Sans savoir encore ce qui va se passer, sans attentes particulières, nous sommes attentifs à toutes les possibles.


La pleine conscience porte en elle aussi cette qualité : l’attitude du débutant. Etre curieux et ouvert à l’expérience telle qu’elle est, comme si c’était la première fois que nous la vivons.


Et ce qui est bien le cas d'ailleurs : chaque moment ne s’est jamais produit auparavant et ne se reproduira jamais plus. Chaque moment est unique et contient de possibilités uniques. La pleine conscience nous rappelle ainsi que chaque moment est un nouveau commencement.


L'attitude du débutant s'expérimente au moment où nous sommes tellement plongés, engagés, voire absorbés dans une activité (e.g., musique, cuisine, sport) que nous devenons opaques aux distractions externes. Dans cet état de « flow », (ie., « être dans l’expérience ») ce sont nos sensations qui guident, et le mental perd spontanément son emprise.


Comme la pleine conscience, il s'agit d'une forme de présence attentive, qui ne se laisse pas manipuler ou contrôler, elle se déploie naturellement lorsque notre attention est orientée sur l'instant présent, sans jugement de valeur ou d'attentes, sur l'expérience telle qui se déroule, moment après moment.


Pourtant, il semble difficile de l’intégrer au quotidien. L’attitude du débutant s’oppose à ce que l’on appelle « le pilote automatique », c’est à dire: vivre sans en prendre conscience. C’est un mode de fonctionnement que nous connaissons plutôt bien d’après les résultats de la fameuse étude réalisée par Killingsworth et Gilbert (2010). Selon ces deux psychologues de l'Université d'Harvard nous passons presque la moitié du temps (47%) à vagabonder dans nos propres projections du passé et du futur (« mind-wandering ») ...



« I have had a lot of worries in my life, most of which never happened »

- Mark Twain


Lorsque notre esprit distrait est au commande, nous pensons à ce qui n'a pas lieu, à vouloir s'attacher à ce qui n'est plus, à vouloir éviter ce qui ne s'est pas encore produit. Autrement dit, « l'esprit humain est un esprit distrait et un esprit distrait est un esprit malheureux » ont résumé les deux chercheurs. Leurs résultats reflètent l'intemporalité et l'universalité des enseignements de Buddha sur sa compréhension de la souffrance qui semblent aujourd'hui d'autant plus pertinents.


La pratique de méditation nous invite à sortir d'une réalité "mentalisée", à se détacher de ce que l'on croît ou pense (devoir) être. Dans cet espace de l'ouverture d'esprit, il existe une opportunité d'aller à la rencontre de soi, du monde, de (s')accueillir au présent, et s'ouvrir, s'offrir de nouvelles possibilités, à l'égard de nos besoins plus profonds et de notre vérité intérieure.


Vous est-il déjà arrivé de vous arrêter complètement,

D'être dans votre corps complètement,

D'être dans votre vie complètement,

Au point que vous saviez et ne saviez pas,

Que ce qui a été et n'a pas encore été,

Que les choses telles qu'elles sont à cet instant même,

Ne recelaient plus la moindre trace d'anxiété ou de discorde ?

Un moment de présence complète,

au-delà de tout effort, au-delà de la pure acceptation,

Au-delà du désir de fuir, de réparer ou de s'élancer,

Un moment de pur être, affranchi du temps,

Un moment de pure vision, de pure sensation,

Un moment où la vie est, tout simplement,

Et où cet "isme" s'empare de tous vos sens,

De tous vos souvenirs, de vos gènes,

De vos amours, et

Vous ouvre grand les portes de chez vous.


- Jon Kabat-Zinn, "L'éveil des sens"

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